Chapitre 4 : Un peu plus tôt, chez les Chebbel
DING-DONG
!!
Mais, ce
qu'elle n'osera pas avouer, c'est qu'elle a eu une ou deux remarques sur sa
tenue "pyjama de grossesse" et ses baskets, et que c'est donc poussée
par une fierté que certains pourraient trouver déplacée qu'elle décida
d'entamer son huitième mois talons au pied.
"Aaaaaahhhhhh,
enfin !"
"Tatie
Ania, tatie Ania !! T'as su qu'on était chez grand-mère ? T'as vu maman ? C'est
si gentil, tu viens nous voir !!"
La petite
se dandinait et sautait de joie devant la malheureuse Aniava qui ne souhaitait
qu'une chose : s'asseoir.
"Heu,
ma puce, je répondrai à tout ça tout à l'heure, tu me…"
Une voix
douce retentit derrière la petite fille et Lou fut gentiment, mais fermement
écartée de la porte d'entrée.
"Allons,
Lou, tu ne te rends pas compte que ta tante Aniava veut rentrer et s'asseoir ?
Laisse nous donc passer."
Anita, la
maman d'Aniave et Ymaëlle releva les yeux vers son aînée. Comme souvent,
celle-ci contempla sa mère avec admiration. Elle souhaitait ardemment vieillir
avec l'élégance de sa maman. Mentalement, elle se reprit :"Mûrir, on
dit, mûrir, pas vieillir"
Anita
tendit la main vers l'intérieur de la maison :
"Tu
rentres ? Je suppose, voyant ta tête, que tu es crevée.
-Tu
n'imagines même pas, maman !" acquiesça sa fille en s'engouffrant dans la
maison.
"Aaaahhhh
! Aniava soupira d'aise en s'installant
dans le confortable canapé de ses parents. Oh, ce que j'ai mal aux pieds !
-Ma
fille, si tu veux mon avis, tu te tortures bien pour rien….
-Je sais
maman, je sais…
Entre
temps, Maïa avait rejoint sa sœur et les deux petites joignaient leurs voix
pour avoir des nouvelles de leurs parents :
-Alors
tatie, t'as vu maman et papa ? Comment va papa ?
Maïa
rajouta timidement :
"Il
est guéri papa ? Maman m'a dit que j'irai lui dire que je l'aime quand il sera
guéri.
-Moi
aussi, moi aussi, je veux aller lui dire !" répondit en écho sa sœur.
Aniava
baissa les yeux, le visage parcouru d'un bref éclair de souffrance. Sa mère,
qui comprit tout de suite, posa une main réconfortante sur son bras.
Aglaé
Chebell prit alors la parole, soulageant sa fille de cette étape délicate.
"Vous
savez les filles, l'hôpital n'était pas encore prêt à nous donner des
nouvelles, ils veulent être sûrs de ce qu'ils vont dire, alors ça prend un peu
de temps, vous comprenez ?
Quelques
bougonnements lui répondirent, mais de toute manière, Aglaé n'attendait pas
réellement de réponse.
"Allons,
allez donc jouer avec Luke, il doit s'ennuyer de vous, tout seul en bas. "
Les deux
petites filles capitulèrent et s'éloignèrent d'un air maussade. Les deux femmes
gardèrent un silence qu'Aniava ne rompit que lorsque retentirent les pas des
fillettes dans l'escalier.
"Tu
leur as menti, tu sais.
-Je sais,
ma fille, je sais, j'ai été lâche, mais elles apprendront les mauvaises
nouvelles bien assez tôt."
Sur ces
paroles, Franck Chebell, le père d'Ymaëlle et Aniava fit irruption dans la
pièce. Il embrassa rapidement sa fille et s'enquit des nouvelles :
"Alors,
comment va-t-il ?"
Le regard
d'Aniava se perdit douloureusement dans le vide.
"Pas
bien, papa, je le crains.
-Quoi ?
Qu'est-ce qu'il a ?
-Quand on
est arrivées ce matin, Yma était pleine d'espoir, elle était persuadée que tout
allait bien, c'est ce que lui a dit le docteur la nuit dernière. Mais à peine
on a vu les infirmières de l'accueil qu'on s'est doutées que quelque chose
n'allait pas."
Un
silence s'ensuivit, silence respecté par les auditeurs qui laissaient Aniava
regrouper ses pensées. Elle reprit :
-Nous
avons ensuite trouvé le docteur qui s'occupe de lui, et en gros, il nous a
expliqué que des complications imprévues avaient l'air de se produire et qu'il
n'était pas réveillé."
"Pas
réveillé ?!" Son père sursauta. "Mince alors, c'est donc grave ?
-Il y a
un diagnostic ? intervint Aglaé.
-Et bien
en fait, le docteur nous a amené à la chambre d'Ulym pour qu'Yma puisse le
voir, et puis il nous a dit qu'il l'emmenait passer un scanner. Je suis restée
avec Yma jusqu'à ce que je me souvienne au dernier moment que j'avais
rendez-vous moi-même chez le toubib. En
sortant, j'ai appelé le secrétariat de l'hôpital et on m'a dit qu'Ulym passait
toujours ses examens. Et me voilà ici, d'autant que j'étais épuisée, je voulais
me poser quelque part…
-Bien sûr,
ma chérie, c'est normal, dans ton état, ça te fait même beaucoup de choses dans
la journée.
-Je suis
bien d'accord, oui, approuva son père d'un ton réprobateur. Il surveillait la
grossesse de sa fille aînée avec attention car il portait peu d'estime au père
de cet enfant.
-Cela
dit, reprit sa mère, Yma doit être toute seule là-bas, je vais passer un coup
de fil vite fait et je ferai un saut à l'hôpital. Toi, Aniava, ordre de te
reposer !"
Aglaé
Chabell joignit aussitôt le geste à la parole. Elle se dirigea vers le
téléphone d'un pas vif et composa le numéro de l'hôpital qu'elle avait relevé
précédemment.
Franck
rejoignit Aniava sur le canapé et tenta de la réconforter, car il la sentait
ébranlée par les événements récents. De leur place, ils entendirent une partie
de la discussion d'Aglaé.
"Oui,
bonjour madame, Aglaé Chebell, mon gendre Uylm Genallu est hospitalisé dans vos
locaux, je cherche à savoir où il en est, il passait récemment des
examens… … Mmmhhh, oui, bien sûr je
patiente… … … D'accord, oui. Ma fille
est auprès de lui normalement… … Oui, d'accord, je – mmmhh, bien sûr, je
comprends que vous ne communiquiez pas ces informations au téléphone, je vais
venir de toute façon… Merci bien, au revoir"
Aniava et
son père la rejoignirent, espérant glaner quelque nouveau renseignement. Aglaé
les regarda, faisant la moue.
"Ils
ne m'ont pas appris grand-chose. Je sais qu'Ulym vient juste de terminer tous
ses examens, je vais donc aller jusqu'à l'hôpital essayer de réconforter ma
pauvre Ymaëlle."
Elle
regarda son mari avec tendresse : "Je suis désolée, mon chéri, je
t'abandonne avec les petits, mais…
-Mais il
n'y a pas de mais, l'interrompit son mari. Tu dois y aller pour être avec elle,
je m'occuperai des petits monstres jusqu'à ce soir.
-Mais je
peux rester ici moi, intervint Aniava.
Ses
parents la regardèrent :
-Toi ?
Mais enfin chérie, tu devrais rentrer chez toi te reposer, je te dépose en
passant si tu veux, même, je pense que tu en as assez fait pour aujourd'hui…
-Oui,
mais je pourrais garder les petits pendant que vous êtes à l'hôpital, ça ne me
dérange pas…"
"Et
puis je préfère rester ici, ajouta-t-elle d'une toute petite voix. "
Son père
fondit immédiatement et serra sa fille dans ses bras.
-Ooohh,
ma petite chérie, bien sûr, si tu veux rester, tu restes, je te ramènerai plus
tard. Mais attention, il n'est pas question que tu restes pour garder les
enfants, je reste ici de toute façon, toi tu as entendu ta mère, tu te reposes
!
-Ok, entendu
papa, et merci de ne pas m'obliger à rentrer, répondit-elle l'air penaud.
-Bien,
sur ce, répliqua Aglaé, je vais vite filer, je vous appellerai de là-bas pour
vous donner des nouvelles !
-Entendu,
lui répondit son mari en l'embrassant doucement. Dis lui bien qu'on pense à
elle et à Ulym, et ne t'inquiète pas pour ici, je gère. Occupe toi d'elle, et
surtout, tiens nous au courant de ce qu'il peut se passer."